Political Commentary

Une campagne très négative

May 31st, 2012

Commentaire politique paru sur le site “Boulevard Extérieur” le 30 mai 2012.  Il s’agit de prévisions de la campagne d’été, les 89 jours qui séparent Memorial Day de la Convention républicaine de Tampa.  Autres thèmes abordés:  l’oikos (économie) contre la polis (le bien commun) qui définisent les candidates.  La dette étudiante.  Retour à la guerre au Vietnam.

Voici le site:  Une campagne très négative

Et voici le texte:

30/05/2012

Des campagnes très négatives

Par Dick Howard

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A moins de six mois des élections aux États-Unis, nous publions chaque semaine la chronique de Dick Howard, professeur de philosophie politique à la Stony Brook University dans l’Etat de New-York

 

 

 

 

Les Etats-Unis ont fêté lundi le « Memorial Day », cette commémoration des guerres passées qui prélude en quelque sorte à la trêve de l’été après la fin des primaires pour l’élection présidentielle. Mais pendant cette trêve la campagne électorale se poursuit.Selon les sondages, les deux candidats sont ex æquo. Ils vont essayer de se distinguer alors que l’attention du public se concentre sur le baseball puis les JO de Londres.

 

Paradoxalement, ils vont se définir par la critique de leur opposant dans ce qui promet d’être une campagne très négative.  Mitt Romney s’assurera du soutien des diverses factions de son parti en dénonçant le supposé « socialisme » d’Obama dont la réforme du système d’assurances santé, que les républicains appellent « Obamacare », est le symbole le plus flagrant.  Ensuite, et selon la même logique, il critiquera les règles imposées par Washington qui, selon lui, découragent l’investissement productif.  Enfin, il dénoncera l’augmentation des déficits budgétaires, et donc de la dette nationale, tout en élidant la crise économique sans précédent héritée du gouvernement Bush.

Dans le cas d’Obama, ce travail négatif a déjà été entamé lors des primaires Républicaines où Mitt Romney était critiqué comme un adepte du  « capitalisme vautour », et comme un homme d’affaires riche incapable de comprendre les difficultés quotidiennes des gens ordinaires. Obama illustrera cette critique par des exemples de firmes rachetées par l’entreprise repreneur dirigée par Romney, Bain Capital, et ensuite acculées à la faillite au prix d’emplois perdus—une pratique qu’on appelle « capitalisme du vampire » du fait qu’elle draine le sang d’une entreprise vivante. Morte, elle ne produit plus que du chômage.  Enfin, Obama admettra que le capitalisme repreneur pratiqué par Romney n’est pas le mal absolu, mais il insistera sur la distinction entre le caractère de celui dont la fin est de gagner de l’argent et de celui qui doit gouverner un peuple divers, démocratique et libre. Dans ce contexte, Obama se moquera de la phrase juridique plusieurs fois répétée par Romney, à savoir que « les corporations sont des personnes ».

 

Mais tous les Démocrates ne sont pas d’accord avec cette manière de critiquer Romney.  Le très populaire maire noir de Newark, Corey Booker et l’ancien gouverneur de la Pennsylvanie, Ed Rendell, mettent en question cette critique.

 

Oikos ou polis, une question de point de vue

 

En effet, donner l’impression d’être anti-capitaliste aux États-Unis n’est pas une tactique payante.  Il faudrait distinguer.  Comme l’a remarqué John McCain,  le candidat Républicain  de 2008, ce n’est que dans l’ancienne Union Soviétique qu’il n’y avait pas de faillites.   Mais il faut éviter le simplisme des commentateurs qui répètent ad nauseum le slogan de Bill Clinton en 1992: c’est l’économie, imbécile !  L’argument d’Obama est autant politique qu’économique lorsqu’il insiste sur la distinction entre les deux sphères qu’Aristote dénommait l’oikos et la polis, c’est à dire l ‘économie et la cité ; la première, l’économie, est focalisée sur le bien particulier, tandis que la seconde, la cité, vise le bien commun.  De ce point de vue, on comprend la portée d’un récent sondage qui, évaluant l’ « amabilité » (likeability) des candidats, donne  48% à Obama contre seulement 33% pour Romney tandis qu’un autre dit que le président est plus « accommodant » (easygoing) que son opposant par un score de 54% contre 18%.  Après tout, un président des États-Unis n’est pas le PDG d’une entreprise qui donne des ordres aux salariés chargés de les exécuter.

 

Le poids de la dette étudiante

 

Un autre sujet politique à surveiller cet été est le financement des universités et les dettes étudiantes.  La dette encourue par les étudiants aux États-Unis dépasse celle accumulée sur les cartes de crédit des consommateurs.

 

Ce chiffre est affolant !   Il dépasse les mille millions de dollars.  On parle moins des gens qui fréquent les universités d’élites de la Ivy League que de ceux qui se tournent vers les écoles d’apprentissage pratiques, toutes les deux étant privées ; entre les deux se trouvent des universités d’Etat et des collèges intermédiaires, tous deux publics, qui souffrent des coupures imposées par la crise.

Si on parle aujourd’hui de cette dette étudiante, c’est qu’une loi votée lors de la crise, qui réduisait le taux d’intérêt sur les prêts fédéraux de 6,8% à 3,4%, expire le 1er juillet.  Les deux candidats ainsi que leurs partis disent vouloir prolonger cette réduction.  Or, ils sont partis en vacances pour le Memorial Day sans se mettre d’accord sur son financement.  Pour les Républicains, braqués sur le déficit, il faut compenser le manque à gagner par des réductions des dépenses sociales alors que les Démocrates proposent d’éliminer des niches fiscales et de lever une taxe spéciale sur les millionnaires.  On ne sait pas comment se terminera ce marchandage ;  ce qu’on peut savoir, par contre, c’est que les universités d’élite continueront à reproduire une élite alors que le système public ouvert aux talents a du plomb dans l’aile, et que le poids de leurs dettes encourage les étudiants à suivre des cursus de plus en plus professionnels tandis que l’idée d’une carrière de service public devient un rêve d’humanistes dépassés.

 

Retour à la guerre au Vietnam

 

Obama a fait un discours spécial pour célébrer Memorial Day devant le monument aux Vétérans de la Guerre du Vietnam rappelant que ce conflit avait commencé il y a cinquante ans.  S’il y revient maintenant, c’est d’abord parce que le constat que cette guerre au Vietnam a duré 13 ans met en valeur le fait que Obama non seulement a mis fin à la guerre en Irak mais qu’il est en train d’en finir avec celle en Afghanistan.  Ensuite, l’armée qui a fait cette guerre au Vietnam était composée de conscrits qui étaient appelés à faire un service militaire en principe universel qui ne durait qu’un an sur le terrain alors que les guerres contemporaines sont le fait de professionnels qui font plusieurs tours sur le champ de bataille.  Pour cette raison, il y a beaucoup plus de vétérans du Vietnam, donc beaucoup de voix électorales.  Pour l’instant, Romney jouit d’un avantage de 24% chez les vétérans, un écart qu’Obama cherche à réduire.  Il pense pouvoir y parvenir parce que, pour la première fois depuis longtemps, les Démocrates au pouvoir sont fiers de leur politique sécuritaire, la mort de Ben Laden n’étant que l’illustration la plus symbolique de leurs prouesses.

 

 

 

 

À quoi s’attendre de la campagne présidentielle pendant l’été

May 30th, 2012

Commentaire de Radio Canada, mercredi 30 mai 2012.  Entre Memorial Day et la Convention républicain s’écouleront 89 jours.  Comment capter l’attention du public pendant l’été?  Voici une analyse des positionnements de Mitt Romney et de Barack Obama.  Le premier se positionne comme homme d’affaires, manager et créateur du travail, alors que le second insistera– sans employer les termes Aristotéliciens– sur la distinction classique de l’oikos et la polis, l’économie et la politique, l’intérêt privé et le bien public.

Un autre problème qu’il faudra aborder, c’est les dettes encourues par les étudiants qui dépassent le montant de la dette des consommateurs sur leurs cartes de crédit:  plus de mille millions de dollars.  Le Congrès avait réduit le taux d’intérêt sur les dettes fédérales de 6,8% à 3,4%… mais cette réduction expire le 1 juillet.  Que va-t-on faire?  Quels effets sur l’avenir de l’éducation.

Enfin, Barack Obama a fait un discours remarqué, le second de la Memorial Day, devant le monument aux morts de la Guerre du Vietnam.  Dans la version écrite de cette émission, j’essaie d’expliquer la portée politique de ce choix.

écouter:  À quoi s’attendre de la campagne…

lire:  Le 30 mai 2012

Deux non-événements dans la campagne

May 26th, 2012

Échec d’Americans Elect, impossibilité de créer un troisième parti centriste, représentant des opinions indépendantes des dites “classes moyennes”.  Ils avaient tout pour plaire, et pourtant, la réalité est ailleurs– et non sans raisons.  Deuxième non-évenement: Camp David, puis Chicago– G-8 et G-20– et le fait que le “tournant” asiatique de la politique étrangère américaine n’a pas eu lieu… pour le moment.  Mais Angela Merkel, est-elle sur le même longueur d’ondes avec Obama?  Publié dans Boulevard Extérieur.

Lire:  Deux non-événements dans la campagne électoral

Le mariage gay et la constitution

May 16th, 2012

Commentaire hebdo publié dans “Boulevard Extérieur” (le 16 mai 2012), repris et modifié d’après le commentaire de Radio Canada du même jour.

Lire:  Le mariage gay et la constitution

Des nouvelles de la campagne présidentielle

May 16th, 2012

Commentaire hebdomadaire pour Radio Canada à propos de la signification de la fin de la campagne de Ron Paul, et la prise de position de Barack Obama en faveur du mariage gai.

Écouter:  Des nouvelles de la campagne présidentielle

Lire: 16 mai 2012-version radio

Les enjeux idéologiques des primaires

May 14th, 2012

Commentaire publié sur le site “Boulevard Extérieur” le 14 mai 2012.  Version remaniée du commentaire Radio Canada du 9 mai.

Lire:  Les enjeux idéologiques des primaires

 

 

Les primaires républicaines encore utiles?

May 10th, 2012

Commentaire hebdomadaire du 9 mai 2012, Radio Canada.  Implications de la défaite de Richard Lugar dans l’Indiana, après 36 ans au sénat.  Modéré, Lugar jouait un rôle important à la commission des affaires étrangères.  Mais justement, en 2012, les démocrates ne partent plus avec un main derrière le dos.  Rappel que dans l’après guerre, et jusqu’à McGovern, c’était les démocrates qui dirigeait la politique étrangère.  Obama va dire: Ossama est mort et Détroit est vivant, mais quid de l’économie.  Expliquer le slogan apparemment simpliste de “Forward”– attaque et défense.  Enfin, et le plus important, c’est “Julie” dans toute son ambiguité:  sa capacité de s’autonomiser dépende des aides du gouvernement… mais justement, répondent les républicaines, c’est cette dépendance qui lui enlève toute possibilité d’exercer sa liberté…. et voilà pourquoi Obama est traité de socialiste!!!

Écouter:  Les primaires républicaines encore…

Lire, avec commentaire sur “rocker vieillissant”:   Le 9 mai 2012

La campagne d’Obama est lancée

May 6th, 2012

Analyse parue sur le site de Boulevard Extérieur de la semaine du 1er mai 2012.

lire:  La campagne d’Obama est lancée

Pour un deuxième mandat: Obama démarre

May 3rd, 2012

Émission du 2 mai de la chronique Radio Canada sur la politique américaine.  À noter l’introduction improvisée lorsqu’on a appris tardivement le voyage Obama à Kaboul.  Noter aussi le fait que ce voyage montrait à sa façon le pouvoir de Karzai sur ses supporteurs américains.

Autres thèmes abordés, évidemment la campagne, les angles d’attaque… mais surtout le rôle de Bill Clinton (et l’avenir de Hillary en 2016), mais aussi le rôle de John Kerry, qui s’imagine futur secrétaire d’état après la victoire Obama.

Dans la version écrite, les espoirs de Marco Rubio, et la réanimation de l’idée du “Dream Act”.  Est-ce que Romney va changer sa politique sur l’immigration?

Écouter:  Pour un deuxième mandat

Version écrite:  le 2 mai 2012

Prêt pour la course à la Maison Blanche

April 25th, 2012

Commentaire hebdo pour Radio Canada, le 25 avril 2012.

Tactiques de Mitt Romney et de Barack Obama.  Problème de Romney:  comment se recentrer?  Lors des primaires, il se présentait comme le vrai conservateur.  Obama ne lui permettra pas d’oublier ces prises de position.  Mais le problème d’Obama, c’est l’absence d’une narrative qui relie le passée, le présent et, surtout, l’avenir.  Être populaire ne suffit pas, la popularité n’est pas une politique.

Écouter:  Prêt pour la course à la Maison Blanche

Lire:  Le 25 avril 2012

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